Ursule la laide

Ursule la laide

« C’était une enfant que l’on avait trouvée sur le talus de la grande route, mal habillée, portant au cou un médaillon sur lequel était inscrit un prénom très rare dans la contrée. Elle ne regardait pas en face, disait-on ; elle avait des gestes peureux et dans la crainte d’être battue, elle ramenait sans cesse sa main devant ses yeux. D’une longe usée à conduire les chiens on lui avait fait une ceinture, on lui donnait les galoches que les enfants les plus pauvres refusaient de porter. Elle se mêlait quelquefois aux jeux des garçons qui la battaient ; lorsqu’elle avait pleuré longtemps, ses larmes sillonnaient ses joues souillées de poussière, rouge de honte d’être ainsi humiliée, et lui faisaient un visage dont on se détournait avec une répulsion apitoyée. On l’avait surnommée Ursule la laide et quand elle fut grande, et qu’elle quitta sa place pour venir habiter dans cette maison abandonnée où tous pouvaient la visiter, ce surnom lui resta. »

Louis Parrot, (1906-1948) né à Tours dans une famille très modeste, ne put faire de longues études. En 1929, le voilà  commis à la librairie Mansuy de Poitiers (jusqu’il y à peu la librairie de l’Université)
Avide de savoir, curieux de tout, il entre en relation avec les intellectuels poitevins de son époque, Jean Rouselot et Jean-Richard Bloch. Il écrit surtout de la poésie (il publie à 15 ans son premier recueil de poésie : Ode à Minerve meurtrière).

Louis Parrot, qui a appris l’espagnol part ensuite pour Madrid où il devient bibliothécaire à l’institut Français. Il s’y lie d’amitié avec les poètes Garcia Lorca et Paul Éluard, qui l’appelait « mon ami parfait », traduit Pablo Neruda et le philosophe espagnol Ortega y Gasset et son essai  La révolte des masses.
Tour à tour journaliste, essayiste, traducteur et critique d’art, Louis Parrot va aussi s’impliquer très tôt dans la résistance intellectuelle. De 1940 à 1944, on le retrouve du côté de Clermont-Ferrand où il participe aux éditions clandestines des Éditions de Minuit.
Dès 1945, il publiera L’intelligence en guerre : le premier ouvrage d’envergure sur la résistance intellectuelle pendant l’Occupation, après avoir publié son premier roman, Le grenier à sel en 1943.
La même année paraissait Le Poète et son image, ouvrage dans lequel il évoque ses années à Poitiers. Louis Parrot est mort à Paris le 24 août 1948.

Ironie de l’histoire la nouvelle Ursule la laide, parue à la fin de la guerre, récit crépusculaire qui rappelle certains tableaux de Goya, allégorie de la Résistance, fut en partie censurée par la censure militaire… française ( pour plus de détails : voir la note à la fin de l’ouvrage).


Image de couverture : Portrait d’Anna Zborowska / Amadéo Modigliani

ISBN : 978-2-37952-037-2

Éditions Opoto, décembre 2019

Domaine public / CC0

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