L’homme truqué

L’homme truqué

La « grande » guerre a inspiré de nombreux auteurs, notamment autour du thème des « gueules cassées ». Maurice Renard, dès 1921 y consacra une longue nouvelle : L’homme truqué.

L’Homme truqué, publié en mars 1921 dans la revue Je sais tout, et la même année dans un recueil de nouvelles aux éditions Georges Crès, met en scène un surhomme né dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Jean Lebris acquiert des facultés surhumaines à la suite d’une expérience médicale visant à lui rendre la vue, perdue lors d’un bombardement.

Maurice Renard, considéré comme le père du merveilleux scientifique, ancêtre de la science-fiction française, a peu écrit sur cet épisode traumatisant (il dira d’ailleurs qu’avant la guerre il vivait pour écrire mais qu’après il lui fallut écrire pour vivre car les conséquences du conflit le laissèrent ruiné). De rares et courtes nouvelles publiées dans Le Matin et une autre plus longue, un court roman, dans lequel il évoque le sort des grands blessés : plus particulièrement les gueules cassées. Traité dans la veine du fantastique le thème médical est omniprésent dans son œuvre : son roman sans doute le plus connu et plusieurs fois adapté au cinéma Les mains d’Orlac (1920), Le docteur Lerne, sous-dieu (1909) ou encore une autre longue nouvelle, Le professeurs Krantz (1932) proposent des expérimentations médicales novatrices.

Ce qui différencie L’homme truqué c’est son attache au réel. Les références à la guerre qui vient de se terminer, concluant un immense gâchis humain, sont à l’origine de l’histoire.

La Première Guerre mondiale a eu des retombées directes sur la fiction. En effet, les conditions du conflit sont meurtrières au-delà des prévisions des civils et militaires dès les premiers jours des hostilités. C’est dans ce contexte que naît des deux côtés de l’Atlantique l’utilisation régulière du mot super-héros, terme d’abord guerrier qui désigne ceux qui se sont illustrés dans ce conflit hors-norme (Xavier Fournier, Super-Héros : une histoire française, Paris, Huginn&Muninn, 2014, p. 89-91.)

Et même si Jean Lebris devient un sur-homme, un être augmenté, ce qui le différencie du super-héros (Superman, Dardevil, Battman…) c’est qu’il ne se change pas pour autant en justicier. Sa « transformation » plutôt que de le propulser dans une nouvelle vie l’oblige à cacher à son entourage sa vision exceptionnelle. Seul son ami, le docteur Bare, découvre la vérité.

 

Éditions Opoto, Septembre 2014 ISBN 978-2-919752-15-7

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