La révolte du pétrole
La nuit de Noël avait commencé tout à fait comme les autres nuits de Noël à Paris. Les théâtres étaient bondés. On faisait la queue pour entrer dans les églises. Petits et grands restaurants préparaient leurs salles et leurs cabinets. Aux errants qui ne voulaient pas aller à la messe et qui, n’ayant pas dîné, ne pouvaient songer à souper, les charcuteries présentaient le spectacle merveilleux et insolent des victuailles étalées.
Toute la ville était debout : on y croit encore au réveillon.
Dans l’agitation et l’habituelle sécurité le cette vie nocturne, personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer.
Un peu avant minuit, les théâtres, les concerts et les cabarets de chansonniers dégorgèrent sur les boulevards le flot frileux de leur public épanoui. L’air piquait, poussé par un hardi vent du nord qui balayait les prospectus et la poussière. Le peuple des galeries, bras dessus, bras dessous, un refrain aux lèvres, prit le trottoir qui menait à son quartier. Quelques couples, plus fortunés, hélèrent des fiacres, d’un geste machinal. Quant à ceux qui étaient venus au théâtre en automobile, leur étonnement fut comique lorsqu’ils s’aperçurent tout à coup, qu’il n’y avait pas d’automobiles en station autour du trottoir. Où pouvaient être messieurs les chauffeurs ?
Ce texte du domaine public est paru pour la première fois dans Je sais tout en 1908. Il est disponible sur Gallica.
La photographie de couverture (détail) est visible sur Gallica : Automobiles Brasier : [affiche] / [Leonetto Cappiello], 1906
Éditions opoto, mai 2015
ISBN : 978-2-919752-29-4
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